Quand je la maîtrise enfin

J'aime ces moments là.
Quand je la contrôle. Quand je suis enfin son maître et qu'elle ne se joue plus de moi.
Le vent est froid ce soir. Mes yeux oscillent du noir ébène au jaune, passant par le gris. Cela me fait sourire.
Mes ongles s'allongent, font crisser cette rampe, que d'habitude je frôle des doigts.
J'ai cette envie de mordre. De me mordre la lèvre. De mordre la tienne. Ce soir, je la contrôle, elle est mienne. Je me sens enfin vivante. La contrôler me grise. Je ne suis plus soumise.
Je la sens grandir en moi, sans cette fureur. Comme si elle se laissait bercée par mes envies, les rendaient plus réelles, plus envoutantes.
J'aime laisser mes doigts courir sur toi quand je suis comme cela. Je me sens moi tout en étant une autre. Cette osmose enfin partagée est salvatrice. Après que cette cohabitation se soit montrée si destructrice, je la sens enfin comme si elle m'acceptait, acceptait son sort de n'être qu'une partie de mon être au final.
Pourtant, demain, lorsque je serai grisée de cette joie, elle tentera de recommencer, comme si elle cherchait à m'affaiblir, à me faire baisser mes gardes, afin que par elle, le sang coule sur mes mains.